L'avenir du travail policier au Québec
- Martin

- 9 déc.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 déc.
Au Québec, le travail policier est à un véritable tournant. Entre les attentes croissantes de la population, l’évolution de la criminalité et la pression sur les finances publiques, le métier se redéfinit en profondeur. L’avenir du travail policier ne se jouera pas seulement dans les voitures de patrouille, mais aussi dans les salles de réunion, les communautés locales et le monde numérique.
Une réforme en profondeur du modèle policier
En 2025, le gouvernement a publié le rapport Réalité policière au Québec, qui propose une réforme majeure du système policier avec 138 recommandations. On y parle de revoir l’organisation des services, de mieux répartir les responsabilités entre la Sûreté du Québec, les corps municipaux et les autorités locales, et de placer davantage l’accent sur la prévention et le service aux citoyens.
Concrètement, cela pourrait signifier moins de temps consacré à des tâches administratives ou à des interventions non urgentes, et plus de ressources pour les enquêtes complexes, la violence conjugale, la cybercriminalité ou les crimes financiers.
Une police de proximité renforcée
Depuis plusieurs années, le Québec mise officiellement sur l’approche de police communautaire, qui vise à établir un lien de confiance durable entre policiers et citoyens, notamment par la présence à long terme dans les quartiers, le partenariat avec les organismes locaux et l’écoute des communautés vulnérables.
Dans l’avenir, cette logique devrait s’ancrer encore davantage : patrouilles à pied ou à vélo, participation aux tables de quartier, médiation sociale, accompagnement des personnes en situation d’itinérance ou de crise psychosociale. Le travail policier se rapproche ainsi de celui de travailleurs de milieu, avec une emphase sur la prévention, la désescalade et la résolution de problèmes plutôt que sur la seule répression.
Technologie, données et caméras portatives
La police de demain sera aussi numérique. Déjà, plusieurs corps policiers québécois ont mené des projets pilotes de caméras portatives – SPVM, SQ et Service de police du Nunavik –, à la suite de recommandations du ministère de la Sécurité publique.
Ces outils visent à accroître la transparence, documenter les interventions et protéger autant les citoyens que les policiers. Des études montrent toutefois que les policiers peuvent percevoir ces caméras comme un mécanisme de surveillance, ce qui pose des défis de gestion du changement et de culture organisationnelle.
Au-delà des caméras, l’avenir du travail policier passera par de meilleurs systèmes d’information, l’analyse de données (par exemple pour identifier des tendances de violence armée), la cybersurveillance encadrée légalement et la formation en cybercriminalité. Le défi sera de concilier efficacité, respect de la vie privée et acceptabilité sociale.
Recrutement, diversité et pénurie de main-d’œuvre
Comme plusieurs secteurs, les services policiers font face à une pénurie de main-d’œuvre. Ajouter des effectifs, notamment à Montréal, est déjà jugé difficile en raison des départs à la retraite, des contraintes du métier et de la concurrence d’autres employeurs publics.
L’avenir du travail policier dépendra donc de la capacité à attirer et retenir une nouvelle génération de recrues, plus diversifiée et mieux représentative de la société québécoise. Les rapports sur l’égalité en emploi insistent déjà sur l’importance d’augmenter la présence de personnes issues des minorités visibles, des communautés autochtones et d’autres groupes sous-représentés.
Cette diversité n’est pas seulement une question d’image : elle favorise une meilleure compréhension des réalités vécues sur le terrain, et peut contribuer à renforcer la confiance dans les institutions.
Bien-être, formation et légitimité sociale
Le futur du travail policier ne peut ignorer la santé mentale des intervenants. Les prochaines années devraient voir se multiplier les programmes de soutien psychologique, de prévention du stress post-traumatique et de conciliation travail-vie personnelle.
Parallèlement, la formation continue prendra encore plus de place : techniques de désescalade, intervention en santé mentale, biais inconscients, droits de la personne, utilisation éthique des technologies… Tout cela est essentiel pour maintenir la légitimité sociale de la police et répondre aux critiques sur le profilage, la force excessive ou le traitement inégal de certaines communautés.
Conclusion
L’avenir du travail policier au Québec sera donc plus collaboratif, plus technologique et plus axé sur la prévention. Les patrouilleurs devront être à la fois enquêteurs, médiateurs, partenaires communautaires et spécialistes du numérique. Si les réformes annoncées se concrétisent, le policier de demain travaillera au cœur d’un réseau de partenaires – santé, services sociaux, écoles, organismes communautaires – avec un objectif clair : assurer la sécurité tout en renforçant la confiance du public.




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