L'impact de la pandémie de la Covid19 sur le travail infirmier au Québec en 2025
- Martin

- 9 déc.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 déc.
La pandémie de COVID-19 a profondément transformé le travail infirmier au Québec. Si les applaudissements de 20 h ont cessé depuis longtemps, les effets sur la profession, eux, se font encore sentir dans les hôpitaux, les CLSC, les CHSLD et les cliniques du réseau.
Surcharge de travail et pénurie aggravée
Avant même 2020, le Québec faisait déjà face à une pénurie de personnel infirmier et à des taux élevés d’épuisement professionnel. La pandémie est venue amplifier une situation déjà fragile : heures supplémentaires imposées, quarts de travail prolongés, rappel constant sur les jours de congé, redéploiement forcé vers les zones chaudes et les CHSLD. Des analyses pancanadiennes montrent qu’après plus de trois ans de pandémie, le personnel infirmier travaille plus fort, plus longtemps, dans un contexte de pénurie croissante, avec un impact direct sur son bien-être physique et mental.
Cette surcharge s’est accompagnée d’une intensification des tâches : gestion d’un volume élevé de patients, application de protocoles changeants, formation accélérée sur de nouveaux équipements et médicaments, tout cela souvent dans un environnement de crise et de manque de ressources.
Pression psychologique et détresse morale
Sur le plan humain, l’impact est majeur. Au Québec, plusieurs études ont documenté la détresse psychologique des travailleurs de la santé pendant les différentes vagues : anxiété, symptômes dépressifs, stress post-traumatique, sentiment d’impuissance et fatigue de compassion.
Les infirmières et infirmiers ont été placés devant des dilemmes moraux difficiles : manque de temps pour offrir des soins jugés adéquats, isolement des patients en fin de vie, annonces répétées de mauvaises nouvelles aux familles à distance, sentiment de « trahir » leurs valeurs professionnelles en raison du manque de moyens. Ces « blessures morales » laissent des traces durables et contribuent aux départs, aux congés de maladie et au désengagement.
Redéfinition des rôles et innovations de pratique
La crise a toutefois mis en lumière la capacité d’adaptation du personnel infirmier. Au plus fort de la pandémie, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et le gouvernement ont multiplié les mesures pour faciliter le retour à la profession de retraités, l’intégration de candidates à l’exercice et l’élargissement de certains actes.
Les infirmières ont joué un rôle clé dans :
L’organisation et la gestion des cliniques de dépistage et de vaccination;
Le développement de la télésanté et du suivi à distance, notamment pour les maladies chroniques;
La réorganisation rapide des unités de soins et des trajectoires patients.
Cette période a mis en valeur leur expertise en coordination, en évaluation clinique et en leadership de proximité.
Confiance envers les institutions et quête de reconnaissance
La pandémie a aussi ébranlé la confiance envers le système. Des recherches sur le personnel soignant québécois soulignent une érosion de la confiance organisationnelle, liée à la gestion perçue comme improvisée, au manque de communication et à l’impression d’être peu écouté sur le terrain.
Sur le plan de la reconnaissance, le décalage entre les discours publics (« anges gardiens ») et les conditions réelles de travail a alimenté un sentiment de désillusion. Les primes temporaires n’ont pas suffi à compenser des années de surcharge, et plusieurs infirmières ont quitté le réseau public, changé de spécialité ou réduit leurs heures.
Et maintenant ?
Cinq ans après le début de la crise, l’impact de la COVID-19 sur le travail infirmier au Québec se mesure autant en chiffres (pénurie, congés de maladie, postes vacants) qu’en cicatrices invisibles : fatigue accumulée, méfiance envers les promesses de réforme, mais aussi désir de participer à la reconstruction du réseau.
Pour l’avenir, soutenir réellement la profession passera par :
L’amélioration des ratios patients-infirmière;
Des conditions de travail prévisibles et humaines;
Des services de soutien psychologique accessibles et adaptés;
Une place plus grande accordée à l’expertise infirmière dans les décisions organisationnelles.
La pandémie a rappelé une vérité simple : sans infirmières ni infirmiers en santé, il n’y a pas de système de santé qui tienne.




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