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Contrôleurs routiers et port d’arme à feu au Québec

  • Photo du rédacteur: Martin
    Martin
  • 16 déc.
  • 3 min de lecture

Sur les routes du Québec, on pense souvent aux policiers quand il est question d’interceptions et d’application de la loi. Pourtant, une autre équipe joue un rôle clé dans la sécurité routière, surtout autour des véhicules lourds et du transport commercial : les contrôleuses et contrôleurs routiers de Contrôle routier Québec (CRQ). Et depuis 2025, une question est devenue centrale (et hautement sensible) : doivent-ils porter une arme à feu?



Un mandat de sécurité… avec des pouvoirs d’intervention


Les contrôleurs routiers ne sont pas de simples “inspecteurs”. Le Code de la sécurité routière prévoit que la Société (SAAQ) peut désigner des membres de son personnel pour agir comme contrôleurs routiers, et que ceux-ci sont des agents de la paix compétents pour surveiller et contrôler le transport routier des personnes et des biens.


Leur formation et leur rôle opérationnel reflètent cette réalité : à l’École nationale de police du Québec (ENPQ), le programme de formation initiale met l’accent sur l’intervention, la procédure pénale, la déontologie, l’emploi de la force, ainsi que l’utilisation d’armes intermédiaires comme le bâton télescopique et le poivre de Cayenne. Après la formation, le contrôleur est assermenté et reçoit le titre de constable spécial.


Autrement dit : ce sont des intervenants de première ligne, appelés à gérer des situations parfois tendues, dans un contexte où le transport peut croiser des enjeux de criminalité, de fraude, de contrebande ou de non-conformité grave.



Le point de rupture : la décision du Tribunal administratif du travail


En mars 2025, un événement a accéléré le dossier : le Tribunal administratif du travail (TAT) a ordonné la suspension des interventions non planifiées sur les routes effectuées par ces constables spéciaux, tant que des mesures de protection adéquates ne seraient pas mises en place. Résultat immédiat : des contrôleurs ont été confinés aux postes de contrôle (pesées routières), limitant drastiquement les patrouilles sur le réseau.


Dans le débat public, l’enjeu est devenu double :

  1. sécurité des agents (agressions, menaces, risques imprévus lors d’interceptions);

  2. sécurité routière (moins d’interceptions, moins de présence dissuasive, plus de marge de manœuvre pour les contrevenants).



2025 : Québec autorise le port d’une arme à feu


À l’automne 2025, Québec a officiellement franchi une étape : le gouvernement a autorisé le port d’une arme à feu pour les contrôleuses et contrôleurs routiers, avec un déploiement basé sur la formation, la qualification et l’encadrement.


Le retour “plein régime” n’est pas instantané. Des sources rapportent une approche graduelle :


  • retour progressif sur le réseau dans les mois suivant l’annonce, notamment via des opérations conjointes avec les corps policiers;


  • échéancier de formation pour équiper l’ensemble des effectifs, évoqué autour de 12 à 18 mois selon les annonces et informations relayées publiquement.


Ce que ça change


Autoriser une arme à feu n’est pas juste “ajouter un outil”. Ça vient avec des obligations majeures : doctrine d’intervention, supervision, qualification continue, protocoles d’entreposage, reddition de comptes, et gestion serrée de l’usage de la force.


Sur le plan légal et éthique, il faut aussi rappeler que les contrôleurs routiers sont soumis à des règles qui s’apparentent à celles du monde policier : le Code prévoit notamment que les règles de déontologie policière s’appliquent au contrôleur routier (et à la hiérarchie) par renvoi à la Loi sur la police.


Donc oui : l’armement vise la protection et la capacité de reprendre des interventions. Mais il ne doit jamais devenir un “raccourci” — au contraire, c’est une exigence de professionnalisme supplémentaire.



Un débat légitime : sécurité, perception et confiance du public


On peut soutenir la mesure pour des raisons de sécurité sans ignorer les inquiétudes. Les arguments qui reviennent le plus souvent :


  • Pour : réduire la vulnérabilité lors d’interceptions à risque, rétablir la présence dissuasive sur le réseau, mieux répondre à des situations où des armes circulent (directement ou indirectement) dans le transport.


  • Réserves : crainte d’escalade, question de “militarisation” perçue, nécessité d’un cadre rigoureux, et importance de la formation/encadrement pour maintenir la confiance du public.



Conclusion


Le port d’arme à feu par les contrôleurs routiers n’est pas un simple changement d’équipement : c’est une réponse à une réalité opérationnelle et à une décision du TAT qui a mis en lumière un problème de sécurité au travail.


Pour le Québec, l’enjeu maintenant, c’est de réussir la transition : former, encadrer, superviser, et prouver dans le concret que la mesure améliore la sécurité sans compromettre la confiance. Parce qu’au bout du compte, l’objectif reste le même : des routes plus sûres — pour les agents, pour les camionneurs, et pour tout le monde.

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