L’histoire des services incendie au Québec : de la cloche d’alarme au 9-1-1
- Martin

- 29 nov.
- 3 min de lecture
L’histoire des services incendie au Québec est intimement liée à l’urbanisation, au développement industriel et aux grandes tragédies qui ont marqué la mémoire collective. Avant les camions rouges, les casernes modernes et le 9-1-1, la lutte contre le feu reposait surtout sur la solidarité des citoyens… et sur quelques seaux d’eau.
Les débuts : quand tout le monde était pompier
Sous le régime français puis britannique, il n’existait pas de service d’incendie structuré comme aujourd’hui. Dans les villes en plein essor comme Québec et Montréal, les incendies étaient fréquents : les maisons en bois, le chauffage au foyer et l’éclairage à la chandelle augmentaient les risques.
Les autorités imposent alors des mesures rudimentaires : couvre-feu, interdiction de fumer dans les ruelles, obligation de garder un seau d’eau à portée de main. Lorsque la cloche de l’église ou de l’Hôtel de ville sonnait l’alarme, les citoyens formaient des chaînes humaines pour transporter l’eau jusqu’au brasier. C’était une époque où la protection incendie reposait surtout sur le courage et l’entraide.
XIXe siècle : naissance des corps de pompiers organisés
Avec la croissance rapide des villes au XIXe siècle, il devient clair qu’il faut des équipes mieux organisées. Les premières brigades de pompiers volontaires se structurent autour de compagnies privées ou de groupes de citoyens organisés. Ils utilisent alors des pompes à bras, tirées par des chevaux, et des boyaux de cuir.
Les grands incendies jouent un rôle déterminant. À Montréal, l’incendie dévastateur de 1852, qui détruit une vaste portion de la ville, accélère la mise en place de services plus professionnels. Dans plusieurs municipalités, on commence à nommer officiellement des « chefs pompiers », à acheter de l’équipement spécialisé et à construire des casernes dédiées.
De la vapeur aux moteurs : la modernisation au XXe siècle
Au tournant du XXe siècle, la technologie transforme le métier. Les pompes à vapeur sont graduellement remplacées par des véhicules motorisés, ce qui permet d’arriver plus vite sur les lieux. Les municipalités mettent en place des systèmes d’alarme plus efficaces : postes d’appel dans les rues, sirènes, puis centrales téléphoniques.
C’est aussi à cette période que le métier se professionnalise vraiment : on instaure des horaires de garde, des entraînements réguliers et des règlements de sécurité plus stricts. Les pompiers ne se contentent plus d’éteindre les incendies : ils commencent à inspecter les bâtiments, à sensibiliser la population et à intervenir lors d’autres types d’urgence.
Vers des services de sécurité incendie complets
Après la Seconde Guerre mondiale, l’urbanisation, les immeubles à étages et les industries chimiques amènent de nouveaux risques. On adopte des codes de construction et de prévention des incendies plus rigoureux. Dans les années 1970 à 1990, plusieurs municipalités québécoises modernisent leurs casernes, uniformisent la formation et intègrent peu à peu la notion de « service de sécurité incendie », qui englobe prévention, éducation du public, enquêtes sur les causes d’incendie et intervention en désincarcération ou en matières dangereuses.
L’arrivée du 9-1-1 simplifie l’accès aux secours : un seul numéro pour rejoindre pompiers, policiers et ambulanciers. La coordination entre les différents services d’urgence devient un pilier de la sécurité civile.
Aujourd’hui : des pompiers multifonctions ancrés dans leur communauté
De nos jours, les services incendie au Québec sont à la fois professionnels et profondément communautaires. On y retrouve des corps de pompiers à temps plein dans les grandes villes, et des équipes de pompiers à temps partiel ou volontaires dans les plus petites municipalités. Leur rôle dépasse largement la lutte contre le feu : premiers répondants médicaux, interventions sur les routes, inondations, sauvetages techniques, programmes de prévention dans les écoles, visites de résidences pour détecteurs de fumée, etc.
De la simple chaîne de seaux à la caserne ultramoderne, l’histoire des services incendie au Québec est celle d’une adaptation constante aux besoins de la population. Une chose, toutefois, n’a jamais changé : au cœur de ce métier, il y a toujours des hommes et des femmes prêts à risquer leur vie pour protéger celle des autres.




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